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Note produite par le Réseau Nigérien de Suivi Evaluation - ReNSE (2017)
Les nouvelles exigences du développement ont placé les démarches d’évaluation au cœur des politiques publiques et de leur pilotage stratégique. Elles en ont fait un facteur de transparence et de bonne gouvernance.
Nous assistons, au Niger, à une prise de conscience de la nécessité d’introduire la fonction suivi-évaluation du fait des changements dans la gestion publique où des forces internes et externes (OSC, PTF) deviennent de plus en plus exigeantes en matière de redevabilité (OMD, ODD, Déclaration de Paris).
L’institutionnalisation de l'évaluation au Niger s’effectue dans un souci d’articulation entre les actes de la société civile et les prérogatives étatiques Le souci majeur semble donc être le développement progressif de la pratique de l’évaluation en vue de la rendre systématique.
L’état des lieux de l’échantillon enquêté dans le cadre de l’étude diagnostique des capacités nationales en évaluation réalisée en 2006 donne les résultats suivants :
L’évaluation systématique des capacités en gestion axée sur les résultats (GRD/CAP-SCAN) menée en 2009 sur l’administration centrale, corrobore, sans avoir adopté le même type d’investigation et avec un échantillon plus réduit, la situation décrite dans l’étude de 2006. Ainsi on peut relever que :
Au Niger, durant la période 2005-2010, l’évaluation a été souvent incluse dans les attributions de plusieurs structures de l’administration, sans clauses explicites dans la législation et/ou les réglementations. A titre illustratif on peut citer :
Mais force est constater qu’avec les nombreux changements institutionnels et la mobilité des agents, seules les Directions des Etudes et de la Programmation (DEP) des ministères sectoriels existent encore.
En outre, le Niger a élaboré une Politique Nationale d’Evaluation (PNE) qui a fait l’objet d’une validation technique en décembre 2010. Deux recommandations fortes ont été formulées :
L’avancée de l’institutionnalisation de l’évaluation au Niger s’est faite à travers le développement de la GAR dans l’administration publique. Ce progrès se traduit par l’adoption par le gouvernement en 2011, de la loi N° 2011-20 du 8 août 2011, déterminant l’organisation générale de l’administration de l’Etat et fixant ses missions.
Cette loi, en ses articles 9 et 34, précise que désormais la GAR est la méthode de gestion des projets et programmes de développement :
Elle indique également dans son article 15 :
Il faut noter que cette Politique Nationale d’Evaluation n’a pas été adoptée et les textes réglementaires relatifs à cette loi N° 2011-20 du 8 août 2011 n’ont pas été adoptés en vue d’opérationnaliser la loi. Cependant aujourd’hui, la plupart des ministères et autres institutions étatiques sont dotés de services en bonne et due forme en charge de l’évaluation, confirmant ainsi une institutionnalisation de fait de l’évaluation.
Le rôle du Parlement s’inscrit davantage dans une logique de contrôle de l’action du Gouvernement que dans un processus d’évaluation des politiques publiques. Ainsi :
En effet, les articles 97, 98, 101, 107 et 108 dudit titre, précisent que les membres de l’AN peuvent, soit individuellement, soit collectivement interpeller le Premier Ministre ou tout autre membre du Gouvernement.
Aussi la responsabilité du gouvernement peut être mise en jeu dans les cas du vote par le parlement du programme du gouvernement, de sa déclaration de politique générale ou de tout texte.
On peut établir les corrélations qui existent entre les piliers de la Gestion Axée sur les Résultats de Développement (GRD) et le contrôle parlementaire de l’action du gouvernement. Ces corrélations se retrouvent au niveau des 5 piliers sur les 6, notamment :
Cela est confirmé par le fait que le parlement initie des lois (leadership), examine et vote les lois des finances (planification et budgétisation) et soumet le gouvernement aux questions-réponses (suivi et redevabilité).
En se référant à la conférence organisée par le ReNSE sur le thème : « Pratiques de Suivi-Evaluation au Niger. Acquis, limites et perspectives méthodologiques », on note des acquis et des limites dans la pratique du suivi-évaluation au niveau des professionnels.
Ainsi, depuis 1995, le Niger a réalisé des efforts notamment en matière de suivi-évaluation. La primature d’alors a indiqué qu’il n’est plus accepté qu’au Niger des programmes et projets soient initiés sans unités de suivi-évaluation.
Depuis lors, l’institution des cellules de suivi-évaluation a commencé d’être une réalité. Aujourd’hui, c’est un acquis important qui constitue une réalité systématique. Que ce soit pour les projets et programme de l’état ou des tiers.
Si l’évaluation des politiques de développement et des stratégies est très peu appliquée, il convient de mettre en avant certaines avancées techniques en matière d’évaluation :
Dans la plupart des projets et programmes, la fonction est pilotée par la direction ou l’unité de SE, mais chaque membre thématique assure certaines productions et gestion de l’information relevant de ses compétences. Cette évolution est récente et a été constatée au cours des cinq dernières années.
Toutefois, on remarque que cette logique de faire du suivi-évaluation une activité transversale est moins présente dans les institutions de l’Etat que dans le cadre des programmes et projets de l’Etat ou des tiers.
En matière d’outils, des grandes évolutions sont aussi été enregistrées notamment en matière de précision. Cette évolution est liée aussi au développement technologique. Les entités de gestion de projets disposent généralement de bases de données (simples voir complexes) qui permettent l’imputation, l’emmagasinage et l’adressage pour besoin de données.
Les fiches de collecte et les canevas divers ont évolué de manière significative. En plus avec l’avènement de la GAR, de nouveaux outils de suivi – évaluation ont été développés. Il s’agit :
Les principaux problèmes auxquels sont confrontés le développement de la pratique évaluative et son institutionnalisation au Niger résident dans :
Ceux-ci ne trouveront de réponses qu’en travaillant au renforcement de :
Le Réseau Nigérien de Suivi Evaluation (ReNSE) est une organisation des professionnels de l’évaluation crée depuis 1999 dans le cadre du processus mondial de mise en place des réseaux nationaux actif en évaluation.
Cette structure a fonctionné pendant une dizaine d’années à budget zéro. Les frais liées à ses activités furent totalement pris en charge par ses membres fondateurs notamment les agences du système des nations unies, le gouvernement du Niger, les agences de coopération bi et multilatérales, les ONG Internationales et autres institutions nationales.
En 2010, le ReNSE s’est formalisé et est devenu une association de droit nigérien reconnue par le gouvernement du Niger, par arrêté 0566/MISD/AR/DGAPJ/DLP du 30 août 2010.
Il a regroupé jusqu’à 300 membres dans sa phase informelle. Il compte actuellement quelques 100 membres.
La principale force du réseau réside dans la diversité de ses membres ayant confirmé leur expérience dans des organisations régionales et internationales (ONU), des institutions publiques, des organisations de la société civile et du secteur privé. Le label, la crédibilité et le leadership du ReNSE ainsi que sa notoriété nationale et internationale lui ont permis de nouer des partenariats avec des institutions nationales et internationales (Haut Commissariat à la Modernisation de l’Etat, UNICEF, PNUD, etc.).
Le ReNSE fonde son action sur le bénévolat et la mobilisation de ses membres. Cette approche, commandée par des ressources financières limitées, n’est pas sans conséquence quant au développement du réseau : inexistence de certains outils de gestion stratégiques (Plan stratégique, plan de communication et de formation, manuel de procédure etc.), communication et diffusion de l’information réduite (ex.: non opérationnalisation du site web), insuffisance de mentorat/tutorat et la timide relance des activités des évaluateurs émergents, faible partenariat stratégique avec les potentiels bailleurs…
Les synergies existantes avec les organisations d’évaluateurs au niveaux international et régional comme EvalPartners, AfrEA, RFE, RF-Ee, les autres VOPEs constituent une opportunité pour le ReNSE de renforcer sa visibilité et consolider son plaidoyer en faveur de la promotion de la culture et la pratique de l’évaluation.
Sur le plan national, l’engagement citoyen dont fait preuve la société civile et qui ne cesse de se consolider grâce aux libertés acquises depuis l’avènement de la démocratie est porteur d’espoirs au regard de la vigilance et de la pression qu’exercent progressivement les organisations de la société civile sur les responsables politiques et les gestionnaires des programmes de développement. En revendiquant davantage de redevabilité et de transparence, la société civile est en mesure d’imposer de nouveaux modes de gouvernance et d’aider en cela le ReNSE au renforcement d’un environnement favorable à l’évaluation tant au niveau central que local.
En exigeant des institutions publiques davantage de rigueur et de transparence, les partenaires techniques et financiers offrent au ReNSE l’opportunité de nouer des partenariats stratégiques avec ces derniers et de bénéficier de ressources de financement mobilisées pour accompagner les institutions publiques dans le développement de système de suivi et d’évaluation.
Depuis l’avènement de la 7ème République, on note une volonté politique manifeste en faveur de l’évaluation. Cela s’est traduit par la création de services de suivi et évaluation dans les ministères sectoriels et des institutions publiques comme la HCME et la CAPED qui intègrent l’évaluation dans leur pratique en tant qu’étape incontournable dans les processus de gestion et de mise en œuvre des politiques et des programmes. Cet engagement politique en faveur de l’évaluation est une opportunité offerte au ReNSE afin d’atteindre son objectif de développement des capacités institutionnelles en matière d’évaluation au Niger.
La collaboration existante avec des bureaux d’études et des institutions nationales de formation en évaluation (ISEP, ENAM, Universités du Niger etc.) offrent au ReNSE l’opportunité d’atteindre son objectif de renforcement des capacités individuelles en matière d’évaluation par l’organisation des séminaires de formations et de diffusion des bonnes pratiques et des normes en matière de suivi et évaluation.
Le ReNSE doit porter une attention particulière aux menaces inhérentes à l’instabilité politique et à la détérioration de la situation sécuritaire liées au contexte qui prévaut dans le Sahel (terrorisme, trafic de drogues, banditismes, etc.). Aussi minimes soient elles, ces menaces pourraient affecter l’ordre des priorités nationales et faire en sorte que l’évaluation ne soit pas intégrée dans les traditions et pratiques institutionnelles publiques, associatives et privées en tant qu’étape incontournable dans les processus de gestion et de mise en œuvre des politiques et des programme.