Dans le cadre du FIFE2019, 6 Foras ont été mis au programme. Ces Foras se tiendront du 13 au 15 novembre 2019. Deux demi-journées seront consacrées à chacun d'entre eux (une matinée et une après-midi). Nous vous invitons à prendre connaissance des descriptifs de chacun d'entre eux en cliquant sur les liens ci-dessous. Les informations développées ci-dessous vont évoluées au cours des semaines qui viennent, au gré des confirmation d'intervention des personnes et partenaires ressources sollicités. Merci de votre compréhension.

Forum A - L’évaluation et l’uniformisation culturelle

Présentation

Si tout le monde s’accorde aujourd’hui sur le fait que l’évaluation de l’action publique doit s’appuyer sur les critères de cohérence, pertinence, efficacité, efficience, performance… , l’entendement que l’on a de ces critères est-il univoque et uniforme ? Quelles sont les différences observées dans la pratique évaluative ? Il s’agira de répondre à ces questions en tenant compte des régions, des contextes, des spécificités, etc. En effet, chacun de ces concepts fait sens dans un contexte politique, idéologique, économique ou culturel singulier. Il est donc important d’identifier les diverses façons de penser et de parler, ainsi que les systèmes politiques, l’histoire et les cultures institutionnelles propres aux divers pays francophones. Car chacun de ces éléments a une certaine incidence sur le déploiement, l’institutionnalisation et la mise en œuvre de l’évaluation des politiques publiques dans l’espace francophone.

Il est peut-être temps de relancer une réflexion culturelle globale au moment-même où, sous couvert de rationalité managériale ou économique, les concepts et les pratiques de l’évaluation tendent peu à peu à se ranger derrière les modèles et façons de penser du courant économique et politique dominant qu’est le « new public management ».

Cela permettrait d’échapper au rouleau compresseur de la normalisation idéologique et méthodologique que l’on confond trop souvent avec une rationalité universellement partagée.

En effet, les peuples et leurs institutions sont profondément ancrés dans des cultures spécifiques, qui tiennent à la fois de leur langue, de leur histoire, de leurs valeurs, de leur position économique ou géographique, etc. L’évaluation ne peut échapper à ces singularités.

Le domaine de l’évaluation est devenu un terrain d’expérimentation riche et diversifié qui exige un débat régulier entre les évaluateurs et avec les commanditaires sur les concepts clés de l’évaluation ; ce débat facilitera une meilleure compréhension réciproque et une plus grande pertinence des démarches d’évaluation.


Objectifs

  • Débattre des pratiques d’évaluation et de l’interprétation des concepts clefs, à partir de regards différents selon les origines culturelles, les fonctions institutionnelles ou encore les ancrages disciplinaires spécifiques.
  • Permettre de mettre au jour les variantes et les évolutions des pratiques d’évaluation.


Questions à débattre

  • Existe-t-il des valeurs et des codes dominants qui tendent à l’uniformisation ou à l’harmonisation conceptuelle de l’évaluation ?
  • L’utilisation des concepts et des critères d’évaluation tient-elle compte des contextes politique, culturel, institutionnel ou des enjeux spécifiques nationaux ou locaux ?
  • Quelles sont les différences observées dans la pratique évaluative ?
  • Faut-il ou non contextualiser les critères d’évaluation et les choisir en fonction des enjeux spécifiques nationaux ou locaux ?


Déroulé du Forum

Le Forum se tiendra sur deux sessions de 03h00, comportant chacune quatre interventions introductives faites par des spécialistes d’origine et de profils différents, suivies d’un panel en séance plénière, puis un débat avec la salle.

La première session abordera des considérations concernant les opinions et positions des bénéficiaires, en plus d’illustrations méthodologiques pertinentes sur le terrain. La seconde s'intéressera à des considérations d’ordre politique, institutionnel et éthique au regard de critères spécifiques (pertinence, cohérence).


Intervenants-es

  • M. Mamadou DIALLO (M2D Consulting - Mali)
  • M. Souleymane DOUSSA (PNDES - Burkina Faso)
  • M. Mathias SOME (Bureau de Suivi du Programme présidentiel - Burkina Faso)
  • M. Thaddee YOSSA (Multipolaire - Cameroun)
  • M. Boureima GADO (ReNSE - Niger)


Pilotes

  • M. Guy Cauquil (SFE - France), M. Abdoul Aziz Kane (SENEVAL - Sénégal), Benoît Gauthier (SCE - Canada)


Forum B - Agenda 2030 et le principe de « Ne laisser personne derrière » : Quatre ans après

Présentation

Quatre ans déjà que la résolution 70/1 a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, ouvrant la voie à l’Agenda 2030 qui se veut un savant alliage des trois dimensions du développement durable (Environnement – Économique – Social), avec comme ambition proclamée d’inclure toutes les catégories humaines. Il repose sur 06 composantes essentielles « Dignité – Humanité – Prospérité – Planète – Justice – Partenariats », articulées autour de 17 Objectifs dits de Développement Durables (ODD) déclinés en 169 cibles pour environ 232 indicateurs.

Ces dernières années ont été essentiellement consacrées au processus de domestication de ces objectifs dans les agendas nationaux et régionaux de développement. Les premiers rapports nationaux volontaires mettent en relief la complexité de la mise en place des cadres de suivi et évaluation pertinents et notamment la sempiternelle question de l’existence et/ou de la fiabilité des systèmes statistiques. La faiblesse des écosystèmes nationaux d’élaboration, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques publiques ne facilite pas le pilotage des processus d’examens et de coordination entre les différentes parties prenantes au niveau national et local. Ainsi, bien que reconnu par la résolution 70/1 comme essentiel pour apprécier l’Agenda 2030, l’évaluation des ODD, comme celles des OMD avant, ne semble pas s’envisager sous de meilleures auspices.

Derrière les préoccupations liées au cadre institutionnel, ces constats remettent au cœur du débat d’une part la question du financement de cet agenda en général et plus spécifiquement le coût de son évaluation et d’autre part le défi d’approches méthodologiques innovantes pour espérer capturer toutes les réalités autour de sa mise en œuvre.


Objectifs

  • Faire une analyse croisée et faciliter le partage d’expériences issu du processus de contextualisation et de mise en œuvre de l’Agenda 2030 dans les différents écosystèmes nationaux de développement, avec un accent sur les dispositifs de Suivi et Évaluation mis en place tant sur les plans institutionnels qu’opérationnel ;
  • Remonter les principaux défis d’étape de la mise en en œuvre des ODD, notamment la mise en place et le fonctionnement des cadres de mesure ;
  • Identifier les enjeux émergents en ce qui a trait au suivi-évaluation des ODD.


Questions à débattre

  • Quelles sont les premières leçons apprises tant du processus de domestication que des stratégies de cadrage des dispositifs de Suivi et Évaluation des ODD ?
  • Quelles sont les défis et innovations des cadres de S/E déjà en place ? Quelles sont les influences sur les mandats et les livrables des premières évaluations ?
  • Quelles sont les approches de financement des dispositifs d’évaluation des ODD ?
  • Quels sont les enjeux émergents pour le suivi-évaluation des ODD ?
  • Que faut-il prévoir sur les prochaines années ?


Déroulé du Forum

A cheval sur deux demi-journées, ce Forum sera organisé en 3 panels précédés d'une présentation introductive.

Le premier panel visera à identifier les processus de domestication de l’agenda 2030 dans les plans nationaux et régionaux de développement : Approches selon les contextes et premières leçons apprises. Quelles implications sur les acteurs et les facteurs actuels ?

Pour ce qui est du second panel, il abordera la question des écosystèmes nationaux et/ou régionaux d’évaluation : Etat des lieux et stratégies émergentes pour l’évaluation des ODD. Quelles stratégies de cadrage des dispositifs de Suivi et Évaluation des ODD ? Des évolutions sur les mandats et livrables d’évaluation ? Quelles stratégies de financement de ces dispositifs et des évaluations?

Enfin, le troisième panel interrogera les défis méthodologiques actuels pour l’évaluation des ODD domestiquées ? Jusqu’où ces approches sont-elles inclusives ? Quels défis d’harmonisation dans un contexte d’ODD universel ? Que disent les premiers rapports nationaux volontaires ? Quels enjeux émergents à suivre sur les prochaines années ?


Intervenants-es

  • M. Benoit SIMON (Association 4D - France)
  • M. Mamadou COULIBALY (RISE - Côte d'Ivoire)
  • M. Mahmoud GHOUIL (ONU - Tunisie)
  • Mme Clarisse KY (MENAPLN - Burkina Faso)
  • Mme Sarah Hortense NDICKO MBOUMBA (SOGEVAL - Gabon)
  • M. Bali ANDRIANTSEHENO (PREA - Madagascar)
  • Mme Soukeynatou FALL (UNICEF - Côte d'Ivoire)
  • M. Aref BEN ABDALLAH (ENAP - Québec)
  • M. Robert NDAMOBISSI (UNICEF - Nigéria)
  • M. Michel TARSILLA (UNICEF - Italie)
  • M. Oswald AGBADOME (IDEV/BAD)


Pilotes

  • M. Wenceslas KOÏTA (RéBuSE - Burkina Faso), M. Thiery TSOU FEMATOUO (RFE - Cameroun)


Forum C - L'Évaluation au cœur des politiques de prévention et/ou de gestion des Crises humanitaire, migratoire et climatique

Présentation

La planète terre est actuellement traversée par des crises multiformes aux causes et aux conséquences inter-reliées. Les mouvements de population sont sans précédent : 65,6 millions de personnes à travers le monde ont été chassées de leur foyer à la fin 2016. Parmi celles-ci, 22,5 millions sont des réfugiés et près de la moitié sont âgés de moins de 18 ans. Le dérèglement climatique multiplie et renforce la violence des catastrophes naturelles, telles que la désertification, les sécheresses, les inondations et les tempêtes avec comme conséquences des décès, des épidémies, de nouveaux exodes de populations souvent déjà fortement précarisées. Les réactions des pays hôtes de cette poussée migratoire et humanitaire inédite sont souvent aux antipodes des conventions internationales auxquelles ils sont le plus souvent parties prenantes. On note entre autres l’accentuation des replis identitaires et la montée des discours populistes et/ou extrémistes.

Des initiatives de prévention et/ou de gestion prolifèrent sans se traduire par des impacts significativement perceptibles. Les résolutions aussi contraignantes qu’ambitieuses s'enchaînent au gré des conférences et conventions. L’agenda 2030 dont l’ambition proclamée est de conduire la planète sur la voie du développement durable et de la résilience est au centre d’un grand débat sur son cadre de suivi et évaluation, notamment en raison de la pléthore de ses objectifs (17), cibles (169) et indicateurs (232). Les Conférences des Parties (COP) se succèdent avec les mêmes désaccords et polémiques sur leur capacité à générer les changements attendus et conséquemment des débats interminables sur les résultats obtenus (les uns et les autres se rejetant, voire se déchirant autour des rôles et responsabilités).

Les évaluateurs et spécialistes des politiques publiques de ce secteur sont conviés à un débat sur l’analyse critique des stratégies, ainsi que les instruments mis en place pour apprécier les engagements qui découlent des différentes résolutions visant aussi bien la prévention que la gestion de ces crises.


Objectifs

  • Interroger le positionnement de l’évaluation en terme d’approches et de finalités dans les politiques et instruments de mise en œuvre, aussi bien sur les dimensions prévention que gestion des crises humanitaires, migratoires et climatiques.
  • Repérer les expériences d’évaluation de ces programmes et analyser aussi bien les mandats d’évaluation que le niveau de mise en oeuvre des recommandations. Déterminer si les programmes dans le domaine sont évalués.
  • Explorer et analyser la contribution potentiel de l’évaluation à la pertinence et à l’efficacité de ces politiques et instruments.


Questions à débattre

  • Les grandes conventions internationales et les objectifs qui en sont issus sont-ils assortis d’instruments de mise en œuvre évaluables ?
  • Quel est le champ exploré dans les mandats d’évaluation jusqu’ici ?
  • Quel retour d’expérience suite aux évaluations ?
  • Que pourrait et que devrait apporter l’évaluation à l’efficacité de ces instruments, tant au niveau préventif des crises et de leurs conséquences politiques, militaires, humanitaires qu’au niveau de la gestion de ces conséquences ?


Déroulé du Forum

Deux séquences vont alimenter les travaux de ce Forum : la première proposera un retour sur des expériences concrètes d’évaluations des politiques et/ou instruments de mise en œuvre (projets /programmes), aussi bien dans la prévention que dans la gestion de ces crises quand la seconde proposera un débat sur la place de l’évaluation dans les politiques de prévention et/ou de gestion ainsi que dans les instruments de mise en œuvre.


Intervenants-es

  • M. Frédéric LEFEBVRE-NAREE (Isée dataSTRATEGIES - France)
  • Mme Consolata BUHENDWA (UNICEF - République Démocratique du Congo)
  • M. Philippe RATOUIS (DG Trésor - France)
  • M. Clément BANSE (IDEV/BAD - Côte d'Ivoire)


Pilotes

  • M. Jean-Louis DETHIER (Consultant - Belgique), M. Thiery TSOU FEMATOUO (RFE - Cameroun), M. Saturnin W Zoetyandé (RéBuSE - Burkina Faso)


Forum D - Coopération internationale : évaluer en vue de la fin ou de la poursuite de l’aide publique au développement ?

Présentation

Instrument de la Coopération internationale supposé servir de levier au développement du Sud dont les pays sont dit « sous régime d’aide », l’aide est depuis de nombreuses années au centre d’une grande polémique sur fond de controverse sur sa finalité réelle et la gouvernance autour de son utilisation. De nombreux observateurs tant des pays donateurs que des pays « bénéficiaires » s’interrogent sur l’efficacité d’une approche développée par un Nord sous Plan Marshall au lendemain de la seconde guerre mondiale pour régler des problèmes géostratégiques conjoncturels et qui, malgré les profondes mutations qu'a connu le monde, continue de structurer les relations internationales (notamment Nord/Sud) sans jamais parvenir à atteindre son objectif proclamé : le développement et donc la fin de l’aide. L’usage de cette aide questionne son efficience et le « droit d’influence » qu’elle confère aux pays donateurs sur les politiques publiques des pays récepteurs suscite des interrogations sur ses motivations souterraines. Il s’en dégage un décor qui semble peu serein pour une appréciation fiable et indépendante des initiatives qui en sont issues.

Partant du constat de l’inégale répartition des richesses et donc de la nécessité d’une approche plutôt équitable du développement durable de la planète tel que promu aujourd’hui par l’Agenda 2030, la coopération, notamment le partenariat international prend tout son sens dans cette grande solidarité à laquelle nous convie l'ODD 17. De plus, le contexte actuel marqué par de nombreuses instabilités consécutives aux crises socio-politiques et environnementales tend à crédibiliser l’utilité, tout au moins conjoncturelle, de cette aide dont le montant croît sans cesse, malgré la montée quasi-corrélative de la critique.

Dans ce flot d'arguments critiques, comment comprendre la litanie des succès exaltés dans les rapports d’évaluations où le style diplomatique de rigueur tend à noyer les faits et les analyses au profit d’images reluisantes ? Dans un contexte géopolitique et stratégique aussi bien marqué, l'évaluation peut-elle garder sa fiabilité et surtout son indépendance pour apprécier cet instrument ainsi que les politiques publiques qui en sont issues ?


Objectifs

  • Faire une analyse croisée des grands axes d’orientations des politiques d’évaluation de la Coopération internationale.
  • Apprécier le positionnement des mandats d’évaluation entre analyse des processus et appréciation des transformations.
  • Analyser la marge d’indépendance et le degré de fiabilité des évaluations dans un contexte riche en contraintes.
  • Dégager les enjeux et les défis d’une politique nationale de l’évaluation comme cadre d'appréciation de l’efficacité de l’aide au développement.


Questions à débattre

  • L’aide au développement est-elle vecteur de progrès ou d’inégalités ?
  • Face à des contraintes souveraines et conjoncturelles (financières, sécuritaires, protocolaires et diplomatiques), quel est le niveau d’indépendance et la fiabilité de l’évaluation de l’aide au développement ?
  • Les mandats d’évaluation dans la coopération internationale visent-ils la simple analyse des processus ou l’appréciation des transformations ?
  • Quels sont les enjeux et les défis de la définition d’une politique nationale de l’évaluation comme cadre d’appréciation des performances de l’aide au développement ?


Déroulé du Forum

Pour traiter la question qui sert d'intitulé à ce Forum, pas moins de quatre séquences sont proposées à raison de deux par demi-journée. La première séquence s'intéressera à l’aide au développement vecteur de progrès ou d’inégalités ? Qu’en disent les évaluations ? Elle sera suivie par une séquence qui traitera de l’indépendance et de la fiabilité de l’évaluations de l’aide au développement à l’épreuve de multiples contraintes souveraines et conjoncturelles (financières, sécuritaires, protocolaires et diplomatiques).

Les troisièmes et quatrièmes séquences traiteront respectivement : des mandats d’évaluation dans la coopération internationale : analyse des processus ou appréciation des transformations ? puis des enjeux et défis pour la définition d’une politique nationale de l’évaluation comme cadre d’appréciation fiable et indépendante des performances de l’aide au développement.


Intervenants-es

  • Mme Elsa GOUJON-MIGUE (Expertise France - France)
  • M. Oswald AGBADOME (IDEV/ BAD - Côte d'Ivoire)
  • M. Ademonkoun Rodolphe MISSINHOUM (UNICEF - Burkina Faso)
  • M. Arthur SAGOT-DUVAUROUX (Innovations for Poverty Action - Burkina Faso)
  • M. Mamadou DOSSO (Direction générale de l'emploi - Côte d'Ivoire)
  • M. Hubert BESSI ABOGANINA (PPEAJ - Cameroun)
  • Mme Kewe KANE (Horizon3000 - Sénégal)
  • M. Ibrahima BA (Enda Santé - Burkina Faso)
  • M. Alvar JONES SANCHEZ (University of Castilla-La Mancha - Espagne)
  • M. Narcisse CHIMI (PNUD - Madagascar)
  • M. Bali ANDRIANTSEHENO (PREA - Madagascar)
  • M. Sebgo LENE (Ancien Ministre de la santé - Burkina Faso)


Pilotes

  • M. Benoît GAUTHIER (SCE - Canada), M. Idrissa KABORÉ (RéBuSE - Burkina Faso), M. Thiery TSOU FEMATOUO (RFE - Cameroun)


Forum E - L’institutionnalisation de l’évaluation dans l’espace francophone

Présentation

L’institutionnalisation de l’évaluation est un thème qui intéresse le RFE depuis ses débuts. Ainsi, lors du premier FIFE en 2014 à Dakar (Sénégal), un forum avait été consacré à la thématique. En 2016, lors du FIFE se déroulant à Marrakech, plusieurs forums s’étaient intéressés à la place de différents acteurs institutionnels (Gouvernement, Parlement, Institutions Supérieures de Contrôle) dans la mise en œuvre de l’évaluation.

En 2019, il est réjouissant de constater que de nombreux pays ont récemment fait de grands progrès dans l’institutionnalisation de l’évaluation des politiques publiques. Citons à titre d’exemples la Côte d’Ivoire qui a inscrit l’évaluation dans sa Constitution en 2016, le Gabon qui l’a fait en 2018 tandis que l’Assemblée nationale française a engagé une réflexion sur le renforcement du recours à l’évaluation à l’été 2018. L’institutionnalisation de l’évaluation d’un point de vue formel est donc de plus en plus ancrée dans les différents pays de l’espace francophone. De récentes analyses démontrent pourtant que, pour l’instant, cette institutionnalisation n’a pas encore les incidences escomptées. En effet, l’équilibre des pouvoirs n’en est pas toujours renforcé, la société civile est rarement informée des résultats des évaluations ou impliquée dans celles-ci, et la transparence des processus de décision et de mise en œuvre ne s’en trouve pas forcément augmentée.

Dans ce contexte, ce Forum a pour but de tenter de comprendre les raisons de cet état de fait, et de déterminer les conditions permettant de passer d’une institutionnalisation formelle à une véritable culture de l’évaluation dans l’espace francophone.


Objectifs

  • Mettre en évidence les enjeux et les répercussions de l’institutionnalisation de l’évaluation
  • Proposer des pistes d’actions concrètes afin de passer d’une institutionnalisation formelle à une culture de l’évaluation


Questions à débattre

  • Le Parlement joue-t-il un rôle plus particulier que d’autres institutions dans l'institutionnalisation de l’évaluation des politiques publiques ?
  • Quels sont les enjeux de l’institutionnalisation de l’évaluation du point de vue :
    • De l’équilibre des pouvoirs entre Parlement et Gouvernement
    • De la transparence des processus de décision et de mise en œuvre
    • De la redevabilité à la société civile et de son implication dans les processus d’évaluation
  • Quelles sont les conditions à remplir pour passer d’une institutionnalisation formelle à une réelle culture de l’évaluation ?


Déroulé du Forum

La première demi-journée verra une présentation d’une étude comparative sur l’institutionnalisation, et permettra de discuter, avec les personnes ayant réalisé les diagnostics, des difficultés rencontrées et des défis à relever dans ces différents pays.

La deuxième demi-journée propose de débattre des pistes présentées pour passer d’une institutionnalisation formelle de l’évaluation à une réelle culture d’évaluation. Afin de privilégier le débat entre les intervenant-es et la salle, elle sera organisée sous forme de table-ronde, à laquelle seront invités des représentants des ANÉ, des représentants-es de parlements francophones ou de gouvernements et des experts des problématiques abordées. Ces acteurs réagiront aux pistes présentées dans le cadre des présentations.


Intervenants-es

  • Hon. Alexandre SANKARA ou Hon. Daouda SAMBORO (Assemblée nationale - Burkina Faso)
  • Hon. Imbassou Abbas OUATTARA (APNODE - Côte d’Ivoire)
  • Calvin RANDRIAMAHAFANJARY (Assemblée générale - Madagascar)
  • Hon. Rahhal EL MAKKAOUI (Chambre des Conseillers - Maroc)
  • Mme Oumoul Khayri BA TALL (OKTConsult - Mauritanie)
  • M. Koffi HOUNDEBASSO (STEVAL - Togo)
  • M.Élias SEGLA (Bureau de l’Évaluation des Politiques Publiques et de l'Analyse de l'Action Gouvernementale - Bénin)
  • M. Armand Pierre TÉTIA (Ministère du plan et du développement - Côte d’Ivoire)
  • Sén. André Richerd MOUSSOUNDA MIKALA (Sénat - Gabon)
  • Hon. Olfa Soukri Cherif (Comité directeur Forum mondial des parlementaires pour l'évaluation/Membre du Parlement - Tunisie)
  • M. Ibrahima DIOUF (SenEval - Sénégal)
  • Sanaa BELBAHRI (AME/CDRT - Maroc)


Pilotes

  • Mme Katia HORBER-PAPAZIAN (IDHEAP - Suisse), Mme Oumoul Khayri BA TALL (OKT Consult - Mauritanie)


Forum F - Les défis de la professionnalisation dans l’espace francophone

Présentation

Professionnaliser une activité signifie en définir les pourtours, clarifier les compétences nécessaires à l’exercice de cette activité, établir des normes de pratiques permettant de distinguer un geste professionnel adéquat d’un autre qui ne l’est pas, énoncer les lignes directrices éthiques qui serviront à prendre des décisions difficiles et possiblement offrir un mécanisme de reconnaissance des professionnels-les. Dans nombre de secteurs de l’activité humaine, la professionnalisation a été le passage obligé pour faire en sorte que les professionnels-les fondent leur pratique sur une connaissance suffisante, pour fournir une assurance aux consommateurs-trices des services et ultimement pour augmenter la qualité des actes professionnels. On pensera aux médecins, aux comptables, aux avocats-tes desquels on exige typiquement une certification.

L’hypothèse est souvent faite que la professionnalisation d’un domaine permet d’en renforcer la pratique, d’éloigner charlatans et apprentis-sorciers, d’accroître la qualité des produits et d’augmenter la confiance dans les fournisseurs de service. Certains-nes croient fermement à cette hypothèse et qu’il est important d’investir dans les activités de professionnalisation. Pour d’autres, la démonstration n’a pas été faite de façon convaincante et il serait imprudent de prendre le chemin de la professionnalisation sans davantage de preuve à l’appui. Car il existe des risques à la professionnalisation : risques de cristallisation de la pratique, risque d’exclusion de non-experts et d’expropriation d’un processus évaluatif démocratique, risque de reconnaître erronément une personne comme professionnelle, risque de donner un pouvoir indu aux organisations ou personnes qui seront appelées à définir les paramètres de cette professionnalisation, etc.

La débat sur la professionnalisation de la pratique évaluative est en cours à travers le monde. Elle a fait l’objet de publications substantielles dans le monde anglophone. Qu’en est-il de l’espace francophone ? Où en est cette conversation ? Quelles sont les aspects spécifiques du monde francophone qui doivent être pris en considération dans cette conversation sur la professionnalisation ?


Objectifs

  • Décrire les éléments de professionnalisation existant dans l’espace francophone.
  • Envisager les avantages et les inconvénients ainsi que les opportunités et les risques d’une professionnalisation accrue de la pratique évaluative dans l’espace francophone.
  • Préciser les rôles des divers intervenants dans un scénario de professionnalisation.
  • Dégager un programme d’action convenant au niveau visé de professionnalisation et préciser la contribution des différents intervenants.


Questions à débattre

  • Quels outils de la professionnalisation de la pratique évaluative existe-t-il au sein de la francophonie ?
    • Existe-t-il une définition de l’évaluation ?
    • Existe-t-il des politiques nationale de l’évaluation (PNE) dans différents Etats membres de la francophonie ? Comment la professionnalisation de la pratique évaluative est- elle abordée dans ces PNE ?
    • Existe-t-il des schèmes de compétences ? Existe-t-il des programmes ou curricula de formation ?
    • Existe-t-il des normes de pratique ? Existe-t-il des incitatifs au respect des normes ?
    • Existe-t-il des lignes directrices en matière d’éthique ? Existe-t-il des incitatifs au respect des lignes directrices ?
    • Existe-t-il des programmes de reconnaissance professionnelle ?
  • Tenant compte des contextes nationaux et internationaux, quels sont les avantages et inconvénients ainsi que les risques et opportunités à pousser la professionnalisation de la pratique évaluative ? Quels moyens pourraient être mis en place pour atténuer les risques ? En particulier, l'accréditation ou la constitution d’un corps professionnel est-elle une étape nécessaire à la professionnalisation?
  • Quelles sont les conditions nécessaires à la réalisation des avantages de la professionnalisation de la pratique évaluative ?
  • Quels sont les intervenants qui devraient s’impliquer dans une démarche de professionnalisation ? Quels devraient être les rôles de chacun ?
  • Est-il concevable de développer un programme pour favoriser l'émergence d’une masse critique d'évaluateurs professionnels dans l’espace francophone ? Quels en seraient les principaux axes ? Quels intervenants devraient s’y impliquer ?


Déroulé du Forum

Quatre séquences sont proposées dans le cadre de ce Forum.

La première proposera de dresser un état de situation de la professionnalisation de l'évaluation au sein de la Francophonie au travers de présentations individuelles (sur les outils, sur les intervenants, sur les incitatifs). Cette séquence sera suivie d'un débat sur les avantages/inconvénients et risques/opportunités de la professionnalisation.

Au cours de la troisième séquence, nous aborderons les rôles possibles de différents intervenants (université(s), centre(s) de formation, ANÉ, gouvernements, etc.) dans la professionnalisation de l'évaluation et nous terminerons ce Forum par un atelier de travail sur la construction d'un programme d’action sur ce thème pour l’espace francophone.


Intervenants-es

  • Mme Marie GERVAIS (Université Laval, Canada/Québec)
  • M. Ahmed BENCHEIKH (AME/EvalMENA - Maroc)
  • M. Benoit SIMON (SFE/SEE - France)
  • M. Abdou Karim LO (SenEval - Sénégal)
  • M. Ziad MOUSSA (Indépendant - Liban)
  • M. Aref BEN ABDALLAH (ENAP - Québec)
  • M. Miché OUEDRAOGO (ENAP - Burkina Faso)
  • M. Boubacar AW (Clear Afrique de l'Ouest - Sénégal)
  • M. Michele TARSILLA (Unicef - Italie)
  • M. Paul André SOME (RéBuSE - Burkina Faso)
  • M. Abdoulaye OUEDRAOGO (PRESNAP - Cameroun)


Pilotes

  • M. Benoît Gauthier (SCE - Canada), M. Miché OUEDRAOGO (ENAP - Burkina Faso), M. Jean Stanislas OUEDRAOGO (RéBuSE - Burkina Faso), M. Achille Yameogo (RéBuSE - Burkina Faso)